Financements de la santé en Côte d’Ivoire

Dr. Ambroise KOBENAN est l’Officier de Liaison du Mécanisme de Financement mondial (GFF) en Côte d’Ivoire.  Médecin spécialiste en économie de la santé et en santé publique, il dispose d’une forte expérience dans le contexte sanitaire ivoirien, contribuant notamment à la réalisation de plusieurs études ainsi qu’à l’élaboration de plusieurs documents pour le Ministère en charge de la santé de Côte d’Ivoire.

Coordination des financements de la santé

La Côte d’Ivoire dont une initiative de coordination des financements de la santé existait déjà mais non fonctionnelle, réactive actuellement sa Plateforme Nationale de Coordination du Financement de la Santé. Crée en juillet 2019 sous l’égide du Mécanisme de Financement mondial (GFF) par arrêté du Premier Ministre, la Plateforme Nationale de Coordination du Financement de la Santé (PNCFS) est une instance d’échanges qui vise à établir des consensus sur les objectifs à atteindre en matière de dépenses de santé ; assurer l’harmonisation des financements internes et externes autour de ces objectifs ; et à assurer le suivi de la mise en œuvre des stratégies sectorielles de santé telles que définies dans le Plan National de Développement Sanitaire et le Dossier d’Investissement.

Cette plateforme a le potentiel de grandement contribuer à l’amélioration de la coordination des financements de la santé, et cela, d’autant plus qu’elle est composée de quatre grandes parties prenantes qui ont chacune un important rôle à jouer notamment (i) l’Etat et ses démembrements, (ii) le secteur privé, (iii) les partenaires techniques et financiers et (iv) les organisations de la société civile.

La PNCFS est composée de  trois organes que sont :

1. Les Groupes Techniques de Travail : ils sont chargés de l’étude de questions spécifiques à l’effet de formuler des propositions d’objectifs ou d’avis.
2. Le Secrétariat Technique : c’est l’organe d’exécution en charge de la gestion quotidienne des activés de la Plateforme.
3. Le Comité de Pilotage : il est l’organe de décision de la plateforme. Cet organe est chargé de s’assurer que les financements et investissements sont alignés aux priorités nationales.

La pandémie de la COVID-19 et quelques soucis organisationnels ont entravé le fonctionnement optimal de la PNCFS. Néanmoins, la détermination du point focal du gouvernement, avec l’appui de l’officier de liaison du GFF et des partenaires, a permis de doter la PNCFS d’un cadre de travail qui lui permettra d’être un outil de gouvernance efficace du secteur de la santé.

La détermination du point focal du gouvernement s’est traduite entre autre par la rencontre avec le Ministre en charge de la Santé afin de lui présenter l’utilité de la PNCFS, de solliciter son appropriation, son appui et son leadership. L’officier de liaison quant à lui,  a mobilisé de façon patiente mais continue, le secrétariat de ladite plateforme par des relances et des réunions bien préparées. Les partenaires ont adhéré à l’idée de relancer la PNCFS et ont apporté leur appui technique tout comme les organisations de la société civile.

C’est donc avec le concours de tous et à juste titre que la PNCFS vient d’être réactivée sous la conduite du nouveau Ministre de la Santé, à la grande satisfaction de toutes les parties prenantes qui depuis plusieurs mois manifestaient une grande attente de cette instance.

L’un des premiers défis sera d’entretenir cette mobilisation de tous les acteurs pour l’atteinte des objectifs de coordination et d’alignement de tous sur les priorités sanitaires du gouvernement.

Financements des soins de santé primaires

En Côte d’ivoire, une part importante des financements est allouée aux soins des niveaux secondaire et tertiaire au détriment des soins de santé primaire (SSP).

L’un des objectifs de la PNCFS et des réformes du financement de la santé en cours dans le pays est de contribuer au défi d’inverser cette tendance. Nous n’y parviendrons pas cette année, mais nous espérons y parvenir à moyen terme.

Pour ce faire, la plateforme compte mener un plaidoyer – avec l’appui de tous les partenaires techniques et financiers ainsi que de la société civile – auprès du Ministère du Budget et du Gouvernement afin que les engagements en vue d’augmenter les ressources domestiques pour la santé soient effectifs et orientés vers les SSP.

Une analyse du budget de la santé sur les trois dernières années (2020 à 2022) va être menée pour montrer la (faible) part consacrée aux SSP ; et un ensemble d’argumentaires politiques vont être élaborés pour soutenir ce plaidoyer.