21 avril 2022
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04:12 PM
Réformes du Système de la Santé au Niger
Réformes du Système de la Santé au Niger
Entretien avec Dr. Ranaou Abaché
Secrétaire Général, Ministère de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales du Niger
Point Focal du Gouvernement, Mécanisme de Financement mondial (GFF)
Dr. Abaché Ranaou, Secrétaire Général du ministère de la Sante Publique, de la Population et des Affaires Sociales au Niger et Point Focal du Gouvernement pour le Mécanisme de Financement mondial (GFF), est titulaire d’une Maitrise en Santé publique obtenue en 2001 à l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers (Belgique) après une formation en Chirurgie de District qu’il a exercée pendant 10 ans. Il a occupé une variété de postes dans le secteur de la santé. Il a notamment été Médecin Chef District sanitaire de Ouallam ; Coordonnateur d’un Centre de Formation des Equipes Cadres en Management du District au Centre de Ouallam (Région de Tilabéri) de 1994 à 2007; Expert Assistant Technique en République Démocratique de Congo en Appui à la mise en œuvre de la nouvelle stratégie d’Appui au Renforcement du Système de Santé Niveau Intermédiaire et Périphérique de 2007 à 2011 ; Coordinateur Médical de Médécins du Monde Bélgique à Bamako de 2011 à 2012 ; Directeur de la surveillance épidémiologique et riposte aux épidémies au Ministère de la santé publique du Niger de 2013 à 2014 ; Directeur des Etudes et de la Programmation au Ministère de la Santé Publique du Niger de 2015 à 2016 ; Directeur de Cabinet (Assistant Exécutif) du Directeur Général de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé de la CEDEAO (OOAS) de 2016 à 2017 à Bobodiuoulasso au Burkina Faso; et Secrétaire Général du Ministère de la Santé Publique du Niger de Mars 2017 à aujourd’hui.
Aperçu des reformes du système de la santé au Niger
Le système de santé du Niger est piloté par le ministère de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales (MSP/P/AS) à travers une Politique Nationale de Santé (PSN 2016-2035) visant à fournir un accès universel à des soins et des services de santé de qualité à toute la population.
La santé de la mère et de l’enfant représente le fil conducteur de cette Politique Nationale de Santé, puisque les services de santé maternelle et infantile englobent une large part des services capables de réduire la mortalité et la morbidité. Dans ce cadre, les indicateurs de suivi et d’évaluation de la PSN 2016-2035 comprennent principalement des indicateurs liés à la santé de la mère et de l’enfant (par ex., accouchements, soins néonatals, planification familiale, etc.). Il est important de noter que d’autres indicateurs relatifs à la lutte contre la maladie et particulièrement les maladies transmissibles et épidémiques sont également utilisés.
Afin de progresser vers une Couverture de Santé Universelle, la PSN 2016-2035 est mise en œuvre à travers un Plan de Développement Sanitaire (PDS 2017-2021) qui priorise un certain nombre de réformes interdépendantes. Parmi celles-ci, les plus notables incluent une réforme du :
- Système de gestion de l’information sanitaire afin de répondre au besoin d’ancrer les décisions sur des données probantes. Cette réforme repose sur le déploiement et l’utilisation de la plateforme DHIS2, qui permet de gérer pratiquement toute l’information sanitaire, y compris l’information relative aux financements et aux ressources humaines. En parallèle, le Niger opère également un processus de digitalisation afin de mieux atteindre les personnes vivant dans des zones reculées. Interreliée au DHIS2, ce processus vise notamment à faciliter l’utilisation de la télémédecine, le réseautage des diverses institutions sanitaires ainsi que la numérisation des dossiers des patients.
- Système d’achat et d’approvisionnement des médicaments afin d’assurer la disponibilité continue de médicaments de qualité et en quantité suffisante, et cela, jusqu’au dernier kilomètre. Cela inclue également les autres intrants qui participent à la prise en charge des patients au niveau des Centres de Santé Intégrés (CSI). Cette réforme implique notamment le développement et l’introduction d’un outil central de gestion de l’information logistique (SIGL).
- Système de santé communautaire afin d’améliorer significativement l’accès aux services de santé. Cette réforme repose sur la mobilisation et l’intégration progressive des acteurs communautaires au sein du système de santé. Cela s’inscrit dans une dynamique de support à l’amélioration de la santé des populations des zones difficiles d’accès.
- Système d’assurance maladie au niveau national et départemental afin d’accroitre l’accès aux services de qualité à moindre coûts, notamment à travers la gratuité des soins. Cette reforme est appuyée par un Institut National d’Assistance Médicale (INAM), établi et mandaté par décret afin de professionnaliser la gestion de la gratuité des soins et de contribuer à la protection contre le risque financier lié à la maladie.
Ces réformes soutiennent également la stratégie nationale de santé de la reproduction, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent (SRMNEA). Malgré que son processus d’élaboration a été retardé par la pandémie de la COVID-19 , un dossier d’investissement est en cours de complétion afin de servir d’outil de mobilisation des ressources en faveur de la SRMNEA au Niger. Le document sera très prochainement soumis pour validation technique et politique.
La nature participative de l’analyse situationnelle et de la planification opérationnelle permet d’assurer l’engagement des parties prenantes au cours de la mise en œuvre.
Partenaires Techniques et Financiers
Les Partenaires Techniques et Financiers font parties intégrantes de l’analyse situationnelle et du processus de planification. Néanmoins, la prévisibilité des apports financiers des partenaires demeure un défi majeur avec des implications importantes pour la planification. Parfois les financements sont inférieurs à ce qui est programmé et le non-respect des engagements financiers mène parfois à la mise en œuvre d’intervention non planifiée. Dans certains cas, malgré la cartographie de ressources, les partenaires désirent maintenir « leur drapeau » et se focalisent sur un aspect particulier.
Pour pallier cela, le Niger a instauré un fonds mutualisé (Fonds commun santé) afin de fournir un financement global au système de santé et assurer une meilleure coordination des financements. Peu de partenaires (c.a.d. six) adhère à ce fonds et les interventions continuent à se chevaucher avec peu de synergie.
Conseil principal pour d’autres pays
Il est nécessaire d’obtenir un consensus autour de la question de la santé. Il faut que tous les partenaires soient impliqués dans le diagnostic du système de la santé. Il faut que ce processus soit appropriée dès le début pour que les partenaires comprennent non seulement les obstacles et les besoins, mais aussi les interventions à mettre en place et les financements requis. Les impliquer « chemin faisant » peut entraver le processus, notamment une remise en cause des décisions prises auparavant.