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6 avril 2022
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01:24 PM
Renverser la tendance décroissante de la planification familiale au Kenya
Esther Kamau est l’officier de liaison du Mécansime de Financement mondial au Kenya. Elle appuie notamment les processus de partenariat et de coordination pilotés par le gouvernement pour la SRMNEA-N au Kenya. Spécialiste en gestion de la santé, elle possède plus de 15 ans d’expérience dans la gestion de programmes de santé. Avant de rejoindre le GFF, elle a travaillé pour le Ministère de la santé, le Conseil des gouverneurs, World Relief South Sudan et RefugePoint
Renverser la tendance décroissante de la planification familiale
Mariam, 40 ans, mère de trois enfants, se rend dans un centre de santé de Nairobi afin de procéder à une ligature des trompes. Pendant la consultation de planification familiale, elle demande si la procédure peut être effectuée dans la journée, afin de pouvoir rentrer chez elle à l’insu de son mari. On lui répond que la ligature des trompes ne peut pas être pratiquée dans ce centre de santé et qu’elle sera orientée vers l’hôpital du comté ou attendre qu’un programme de sensibilisation à la planification familiale soit organisé dans le sous-comté. Elle est découragée, car elle a l’impression que son choix en matière de planification familiale est limité par les directives et les exigences cliniques, le refus de son mari et le temps et l’argent supplémentaires qu’elle devra investir pour obtenir le service. En conséquence, Mariam n’est pas sûre de pouvoir un jour utiliser cette méthode moderne de planification familiale.
La situation de Mariam est le reflet d’un déclin de l’adoption de la planification familiale moderne chez les femmes en âge de procréer au Kenya. Ce déclin est passé de 56,3 % en 2013/2014 à 49,1 % en 2015/2016 pour atteindre 37 % en 2017/2018 (DHIS2). Alors que le Plan stratégique de santé (2018-2023) donne la priorité à la satisfaction des besoins en planification familiale moderne des femmes en âge de procréer, cherchant notamment à atteindre un taux d’utilisation de 65% d’ici 2021, le pays est loin d’avoir atteint les objectifs attendus. En 2021, l’utilisation de méthodes modernes de planification familiale avait encore chuté à 35,3 %, et cela, en grande partie parce que la pandémie du COVID-19 a restreint l’accès aux services de santé, notamment aux services de planification familiale[i].
Les principaux obstacles à la demande de services de planification familiale sont bien documentés[ii]
- La peur des effets secondaires, les patients ayant souvent l’impression de devoir choisir entre deux maux.
- Les normes et croyances socioculturelles, notamment la fécondité élevée souhaitée.
- Le coût associé à la visite d’un établissement de santé, dont les frais de transport. Seuls 52 % des Kenyans ont accès à des établissements de santé dans un rayon de 5 km.
Du côté de l’offre,
- Les établissements de santé publics offrent une gamme limitée de méthodes modernes de planification familiale.
- Les cliniques privées sont trop chères pour la majorité de la population.
- En outre, les compagnies d’assurance maladie couvrent rarement les méthodes contraceptives telles que les ligatures de trompes et les vasectomies.
- La faible qualité des soins offerts par les prestataires de santé
La qualité des soins dans les services de planification familiale (PF) a été associée à une utilisation accrue et continue des méthodes contraceptives. Elle englobe un large éventail de questions, notamment la compétence technique des prestataires, le choix des méthodes disponibles, l’information fournie aux clients, et l’accès aux services de planification familiale. En parallèle, la qualité des données utilisées pour mesurer la prévalence des contraceptifs peut également affecter le résultat par son niveau d’exactitude, son exhaustivité, sa fiabilité et sa rapidité.
Bien qu’une variété d’interventions ait été conçue et mise en œuvre au Kenya afin de répondre aux besoins des femmes en âge de procréer, comme l’éducation à la santé par le biais des agents de santé communautaires et les actions de sensibilisation à la planification familiale, il est primordial de concentrer davantage notre attention sur la qualité des données. La plupart des cliniques privées de spécialistes, ainsi que les pharmaciens, ne téléchargent pas leurs données de planification familiale sur le DHIS 2, alors qu’ils desservent une grande population avec ces services. Il est nécessaire de s’assurer que les indicateurs de planification familiale sont mesurés correctement à différents niveaux, de manière exhaustive par tous les prestataires de services de planification familiale, et téléchargés rapidement afin d’éclairer la prise de décision en temps réel.
Afin d’inverser les tendances à la baisse des taux de préférence en matière de contraception, les parties prenantes doivent investir des ressources dans la recherche et le développement sur la qualité des services de planification familiale ainsi que sur la qualité des données. Les principaux domaines d’intervention sont l’élargissement de la gamme de contraceptifs proposés, l’amélioration des systèmes de gestion de la chaîne d’approvisionnement, le recyclage du personnel de santé et la garantie de l’exhaustivité et de la rapidité des données en matière de planification familiale.
[i] Implementation Status and Results Report, Transforming Health Systems for Universal Care Project, World Bank, 2021
[ii] Silumbwe, A., Nkole, T., Munakampe, M. N., Milford, C., Cordero, J. P., Kriel, Y., Zulu, J. M., & Steyn, P. S. (2018). Community and health systems barriers and enablers to family planning and contraceptive services provision and use,