Qu'est-ce que l'apprentissage adaptatif et pourquoi est-il important ?

Par Holly Baxter

L’apprentissage adaptatif est conçu pour s’aligner avec les progrès d’un apprenant et adapter l’apprentissage à sa progression. L’apprentissage adaptatif peut servir de complément aux ateliers et autres initiatives d’apprentissage. Cette technique contribue également à renforcer les leçons apprises, combler les lacunes en matière de connaissances et permet de renforcer les acquis du GFF à travers l’apprentissage continu afin d’améliorer à la fois la capacité individuelle et la performance organisationnelle. À mesure que l’équipe développait l’étude de cas sur les connaissances et l’apprentissage du Zimbabwe, nous avons découvert que l’apprentissage adaptatif était essentiel au succès du financement basé sur les résultats (FBR) dans le pays. Chenjerai Sisimayi a eu l’occasion de constater directement le développement du FBR et de l’apprentissage adaptatif au Zimbabwe et a eu la gentillesse de nous partager son expérience.

  Entretien avec Chenjerai N. Sisimayi relatif à l’apprentissage adaptatif au Zimbabwe

Chenjerai a passé 16 ans au sein de la Banque mondiale en occupant divers postes. Au départ, il avait la charge du suivi et de l’évaluation des programmes de développement en tant que gestionnaire des connaissances pour un programme national de soins palliatifs. Il a ensuite travaillé en tant que consultant en développement ou il menait des évaluations. Puis, il a intégré l’équipe santé de la Banque mondiale dans le cadre la réponse du secteur de la santé de la Banque.

Il s’est engagé dans l’apprentissage adaptatif à travers son implication dans le suivi et l’évaluation des programmes de développement et son exposition aux initiatives de renforcement des capacités qui lui ont permis d’appliquer les concepts de l’apprentissage adaptatif.

Que pensez-vous du rôle de l’apprentissage adaptatif au Zimbabwe ?

Les programmes, en particulier ceux au niveau national, sont à différents stades de l’adoption et de la mise en œuvre de l’apprentissage adaptatif. « Les projets de développement, généralement mis en œuvre à travers les ONG, ont piloté des initiatives et, dans certains cas, ont généré des preuves qui démontrent dans quelle mesure le niveau individuel, des ménages et même de la communauté peut être optimisé grâce à des solutions sur mesure qui répondent aux lacunes identifiées sélectionnées lors des activités de suivi et évaluations de routine.»

« Le programme de financement basé sur les résultats en matière de santé a évolué en réponse à des enseignements concrets, passant d’un projet pilote dans certaines zones rurales à un programme national à grande échelle comprenant des pilotes dans les zones urbaines, des modèles de qualité améliorés, des mécanismes de vérification efficaces et une transition vers une approche entièrement institutionnalisée à l’achat de services.»

Comment initier une culture de l’apprentissage adaptatif ?

« A mon avis, le leadership est un point de départ essentiel car il peut faciliter l’adoption de l’identification de routine en termes de bonnes pratiques, lacunes et des faiblesses. Il suscite également la volonté de changer et d’adapter en tenant compte des leçons apprises et en appliquant des interventions sur mesure. Une fois que les leaders comprennent le processus et les avantages, ils sont mieux placés pour encourager leurs équipes en s’appuyant sur un ensemble partagé de résultats envisagés, des mécanismes de routine afin de suivre les performances et une amélioration des domaines entravant le progrès. »

Que pensez-vous de l’importance de l’apprentissage basé sur les compétences pour être adaptatif ?

L’apprentissage basé sur les compétences est une approche qui permet à une unité d’apprentissage de passer au niveau suivant « en fonction de sa capacité à maîtriser une aptitude ou une compétence à son propre rythme, quel que soit l’environnement ». Cette approche permet de renforcer le développement des compétences ou des capacités les plus pertinentes pour l’apprenant et d’optimiser des performances et des résultats optimaux.

Quels sont les trois plus grands défis auxquels vous avez été confrontés en ce qui concerne l’apprentissage adaptatif ?

1. La capacité d’acquérir des connaissances techniques sur les principes et processus fondamentaux dans le cadre de l’apprentissage adaptatif varie selon les différents groupes et peut constituer un défi pour favoriser cette culture.
2. La réticence et/ou l’engagement au changement, notamment au sein du leadership dans certains contextes, peuvent empêcher l’adoption de recommandations visant à effectuer des ajustements.
3. Les obstacles liés à l’économie politique peuvent ralentir les progrès, car différents acteurs tentent de se positionner stratégiquement sur les nouvelles voies à adopter.

Quels sont les trois principaux conseils que vous donneriez afin de créer une culture d’apprentissage adaptatif basée sur des solutions que vous avez vues fonctionner ?

1. Il est important d’impliquer le leadership et de favoriser une compréhension commune de la vision et des objectifs, aussi bien pour un projet particulier que pour le programme d’apprentissage afin de rester concentré sur les résultats.
2. La flexibilité est essentielle afin de répondre aux retours et recommandations d’un système en tenant compte de facteurs tels que « les règles, les réglementations ainsi que le respect des principes d’une approche adoptée.
3. Il est essentiel de prendre en compte les échecs et les lacunes. Ces aspects doivent constituer la base de l’introspection et de l’identification des domaines de capacitation.

Comment devrait travailler un champion de l’apprentissage adaptatif ?

Il est nécessaire de comprendre le concept et être motivé afin de transférer l’apprentissage adaptatif aux autres. Il convient notamment d’être un bon auditeur, de fournir des observations et, en particulier d’avoir la capacité d’adapter les interventions aux individus, groupes ou entités cibles spécifiques.

Selon vous, comment évoluera l’apprentissage adaptif dans les 3 à 5 prochaines années?

« Je pense que la technologie va accélérer la mesure dans laquelle l’apprentissage adaptatif peut être appliqué dans le monde réel. L’utilisation optimale des données et l’exploitation des opportunités dans l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique peuvent faciliter une classification et une identification plus précises des différences en termes de besoins qui permettront des recommandations personnalisées (systèmes de segmentation et de recommandation) pour les voies relatives à l’apprentissage et aux réponses. Certains progrès ont déjà été réalisés, par exemple en ce qui concerne l’éducation dans les pays développés. Cependant, son application dans les PRI TI et précisément en termes de réponses en matière de développement en général est encore à la traîne. Toutefois, au cours des cinq prochaines années, nous pourrons peut-être commencer à voir un passage des pratiques descriptives de S&E de nature rétrospective à une analyse plus prospective qui considère différentes voies basées sur une classification des performances et des besoins des projets. Au-delà de la technologie, le passage à des interventions sur mesure est susceptible d’être plus largement adopté.»